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Les Cramignons Liégeois
28 octobre 2007

Usages divers de la hotte à Liège

Les Borènes, hotteuses dans les houillères

Comme le dis G. Descamps dans son « mémoire sur l’industrie houillère dans le couchant de Mons », les messagères boraines continuaient la tradition des hotteuses de charbonnage.

Après avoir signalé le transport de la houille par brouettes et par toutes sortes de véhicules jusqu’aux magasins et rivages de la Haine, cet auteur écrit :

« Très souvent, les défauts ou le mauvais état des routes nécessitaient le transport de la houille à dos d’hommes. On employait de préférence pour ce travail des enfants et des femmes. Ces dernières nommées dans les documents bot’rèsses, hotresses, borènes, offraient un type viril et énergique n’ayant d’analogue que chez les bot’rèsses du Pays de Liège, dont elles portaient les attributs distinctifs, la jotte, le bâton ferré et les gros souliers.

Courbées sous un poids de plus de cent livres de houille, elles remontaient les échelles des tourets, elles parcouraient allègrement les mauvais sentiers, les fondrières qui séparaient les charbonnages de la rivière, pour un salaire dérisoire, quelques hottées de charbon que les maîtres leur permettaient d’aller vendre à Mons. Les boraines formaient une sorte de corporation solidaire, fort remuante, fort jalouse de ses privilèges. Dans les grèves, on était sûr de les apercevoir en tête excitant les hommes à la résistance. Du reste, ces femmes possédaient sous leurs rudes enveloppes, des qualités estimables, la probité, une excellente moralité, une franchise et un bon cœur qui les faisaient s’associer avec la même vivacité aux malheurs et aux besoins de leurs semblables.

Les messagères qui il y a quelques années à peine parcouraient les routes venant de Frameries, Quaregnon, Wasmes, Dour… à Mons, étaient les derniers représentants de cette race caractéristique que le progrès moderne faisait disparaître peu à peu ».

Descamps ajoute que les hotteuses avaient seules le droit de ramasser le charbon sur les terrils et que d’autre part, elles allaient vendre aussi à Mons, Valenciennes et aux environs, des boulets faits de mauvais charbon et de terre glaise. En 1723, on voulu leur faire payer des droits à l’entrée de Mons, ce qui détermina une sorte d’émeute, mais les borènes eurent gain de cause.

Le fait est encore confirmé, pour 1774, par un registre de résolution des états de Hainaut qui stipule ; « tout charbon qui s’achète aux fosses doit les droits ; il n’y a que celui que les borènes portent par hottées qui est exempt  pour la ville de Mons seulement, de temps que, lorsqu’elles vont à Saint-Ghislain, elles sont soumises au payement du droit d’un liard à la hottée.

Le souvenir des voyages de nos anciennes hotteuses boraines est attesté également par Hécart qui, dans son dictionnaire « rouchi » (Valenciennes) signale que les borènes vont dans les villes avoisinantes chargées de hottes remplies d’allumettes, de terre houille (mauvaise houille), de terre bolaire rougeâtre etc… Elles font six à sept lieues avec une charge qui leur rapporte 60 à 75 centimes de bénéfice.

hl10000506

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